La Rurbanisation et ses conséquences

Dans le cadre du module TECAD sur le thème de « la ville en mutation », cette synthèse documentaire portera sur le sous-thème de la « rurbanisation* ». Cette synthèse traitera donc d’un phénomène tant démographique que géographique qui est né dans les années 1970 mais qui aujourd’hui encore prend de l’ampleur puisque nous perdons en France l’équivalent d’un département en surface de terres agricoles tous les 10 ans. La rurbanisation en est en grande partie responsable. Cela nous concerne donc et il me semblait logique et important de se pencher sur ce phénomène afin d’étudier « Comment se manifeste l’aspect ville-campagne des zones rurbaines ? ».

 

Pour cela nous nous pencherons tout d’abord sur l’arrivée du phénomène de rurbanisation en passant par la périurbanisation* ; nous expliciterons ces concepts. Dans une seconde partie, nous étudierons le mécanisme de la rurbanisation et nous analyserons les conséquences urbaines et rurales. Enfin, nous illustrerons nos explications par les exemples concrets de Lyon et Brest.

 * Voir sous-rubrique Lexique

 

I)                    De la périurbanisation à la rurbanisation

En 1950, la population mondiale était estimée à environ 2,5 milliards de personnes ; aujourd’hui on l’estime à 7 milliards et d’ici 2050 à 9 milliards. Ces dernières décennies ont connu des révolutions démographiques, industrielles et commerciales qui ont entraîné des bouleversements de l’espace urbain et notamment son étalement caractérisé par le phénomène de périurbanisation (années 60) et plus récemment par celui de la rurbanisation (années 70,80).

 

1.1)Qu’est-ce que la périurbanisation ?

Ce phénomène désigne l’étalement centrifuge de la ville en couronnes dites périurbaines autrement dit l’étalement urbain* circulaire autour de la ville centre (voir schéma ANNEXE 1).Le document 3 de mon dossier relatif à une étude de l’INSEE Pays de la Loire par A.Rodrigues qualifie la périurbanisation comme « la densification de la dernière couronne des villes » mais aussi comme « l’étalement de la ville à ses franges ». Le phénomène urbain s’est donc développé en terme de surface mais aussi en terme de mode de vie puisque l’on observe « l’implantation des familles dans l’espace périurbain et à la campagne ». L’auteur parle « d’abandon du cadre urbain » et de « perte de vitesse du périurbain pur laissant place à des territoires à la frontière de l’espace périurbain et rural ». L’espace rural est dorénavant interpénétré par l’urbain : on parle de rurbanisation.

 

1.2)Qu’est-ce que la rurbanisation ?

La rurbanisation est un phénomène consécutif à la périurbanisation. L’étalement urbain a été un précurseur de la rurbanisation puisque l’extension de l’urbain en périphérie des villes a précédé l’extension de celles-ci aux zones rurales. A. Rodrigues évoque « le retour des citadins à la campagne » pour définir ce phénomène. Le document 4 qui est une analyse par H.Mendras du livre de G.Bauer intitulé « la rurbanisation ou la ville éparpillée » témoigne bien de ce phénomène, qui, par définition, correspond à la diffusion dans l’espace rural de formes d’habitations, d’infrastructures et d’activités en rapports avec le mode de vie urbain.

 

1.3)Des limites floues entre rural et urbain

La périurbanisation et de manière plus vaste l’étalement urbain ont progressivement mené à un brouillage des frontières entre l’espace urbain et l’espace rural. En effet, le développement résidentiel en périphérie s’étend jusqu’à la limite des campagnes, jusqu’à même l’interpénétrer dans le cadre de la rurbanisation. A la frontière des campagnes se sont créées des zones hybrides mi urbaines mi rurales qui sont les zones rurbaines. En atteste le document 2 issu de Documentation Photographique d’après un article de H.Haddouche sur les « territoires en transition » qui indique que « l’étalement se poursuit dans l’espace des champs…extension résidentielle ».

 

II)                    La mise en place du phénomène de rurbanisation

Le phénomène de rurbanisation implique de nouveaux déplacements et modes de vie entre villes et campagnes. Ces nouveaux mécanismes se mettent en place selon une certaine logique et stratégie qui ont des conséquences autant sur les villes que sur les campagnes.

 

2.1) Le mécanisme de la trilogie

Les zones rurbaines sont mises en place selon une trilogie d’actions* qui consiste en la mise en place d’infrastructures routières entre la ville centre et ces zones ; l’implantation de zones commerciales en bordure de ces axes routiers et enfin la création de lotissements, de zones pavillonnaires dans le maillage routier. Tout est fait pour aspirer la population dans ces zones avec une pièce maîtresse qui est l’automobile. Le document 1 relatif à un article de Télérama sur « l’urbanisme à la Française » par X.De Jarcy et V.Remy fait référence à « la même trilogie partout – infrastructures routières, zones commerciales, lotissements ». Ils prennent l’exemple « d’un hypermarché Leclerc qui s’installe au bout de la nouvelle voie express » et « d’un quartier chic qui voit le jour en pleine nature ». Telle est la construction des zones rurbaines qui entraîneront des mouvements pendulaires* des populations.

 

2.2) Les conséquences sur la ville

La rurbanisation entraîne de nombreux mouvements alternatifs* entre ville et campagne, et donc un usage important de l’automobile. Les zones rurbaines sont donc le siège de nombreux embouteillages quotidiens et donc de soucis de pollutions par les gaz à effet de serre. Les politiques d’aménagement ont donc développé et encouragé les transports en commun. Le document 2 issu de Documentation Photographique évoque « la construction d’une ligne de tramway » par exemple. Le paysage urbain change et mélange lotissements, immeubles, zones et axes routiers, le tout entouré par les champs représentant le territoire rural, lui aussi témoin de changements.

 

2.3) Les conséquences sur la campagne

Tout comme sur la ville, les zones rurbaines ont aussi des conséquences sur la campagne. Le document 1 issu de Télérama évoque « 300 hectares de terres fertiles qui disparaissent sous le bitume de parkings et rocades ». Le paysage agricole est donc victime d’un mitage* visuel dû à l’ultra-urbanisation*, « le mitage du paysage est renforcé par la spéculation foncière », « les entrées de villes sont moches ». Autrement dit, la campagne devient moche et artificialisée. Cela pose un problème de développement durable mais aussi de suppression massive de terres agricoles. « La France consomme deux fois plus de terres agricoles que l’Allemagne ». (Voir ANNEXE 2 dessin de P.Tastet). Le document 3 issu de l’étude de l’INSEE parle de « recomposition des paysages et de fragmentation des habitats naturels » ou encore « d’artificialisation des sols* ». Le paysage rural des zones rurbaines est victime de l’étalement urbain et du mécanisme de la trilogie (voir ANNEXE 3 reportage vidéo du journal de Tours TV).

 


III)                    Des exemples concrets : Lyon et Brest

Après avoir vu de manière plus ou moins théorique les mécanismes de rurbanisation et les conséquences géographiques et visuelles du phénomène, nous allons constater cela avec l’exemple de deux métropoles que sont Lyon et Brest.

 

3.1) Lyon et sa périphérie

Grâce au document 2 issu de Documentation photographique, le témoignage d’un Lyonnais nous permet de comprendre les raisons de la rurbanisation et plus précisément les raisons sociales mais surtout en ce qui concerne cette synthèse l’aspect de ces nouvelles zones rurbaines. On y comprend que « l’urbanisation se développe en continuité avec l’agglomération, dans l’espace des champs » et plus précisément « à l’Est les périphéries urbaines mêlent activités industrielles, logistiques et espaces résidentiels ». C’est l’exemple de la ville de Corbas proche de Lyon soumise à la pression urbaine, ou encore de Saint Bonnet de Mûre où est parti vivre notre habitant de Lyon avec sa petite famille dans un lotissement avec « une petite maison mitoyenne et l’idéal du jardin » Ils y ont trouvé leur « salut résidentiel ».On retrouve donc les caractéristiques rurbaines exposées précédemment.

 

3.2) Brest et sa périphérie

Le document 1 issu de Télérama sur « l’urbanisme à la Française » dénonce une rurbanisation anarchique autour de la ville de Brest dépassant le bon sens écologique. A travers des témoignages, on apprend aussi l’aspect des zones rurbaines Brestoises. En effet, « c’est partout le même alignement de cubes…le même pullulement de pancartes et d’enseignes » ; « les quartiers pavillonnaires ont fleuri…des lotissements avec des rues en raquettes ; des parcelles de même taille et des maisons posées sur leur sous-sol de bêton ». Ce document insiste sur le fait que « l’habitat se banalise et conduit à cette France moche » au détriment des paysages ruraux et des terres agricoles. On retrouve les mêmes caractéristiques qu’à Lyon.

 

Conclusion générale

L’urbanisation en France au cours de ces dernières années a conduit à des changements de modes de vie mais aussi à des révolutions des paysages notamment l’aspect des zones hybrides rurbaines entre ville et campagne. Mais au-delà, des pressions politiques et économiques poussant à la sur-urbanisation, il est important de se rappeler le département de terres fertiles perdu tous les 10 ans en France. Ce chiffre a un impact non négligeable sur le monde agricole et nous pouvons nous poser la question : Comment cette situation va-t-elle évoluer d’ici les prochaines décennies ? (Voir lien ANNEXE 4)

 

 

ANNEXE 1 : Schéma de l'étalement urbain d'une métropole
ANNEXE 1 : Schéma de l'étalement urbain d'une métropole

Schéma issu d'un site internet d'histoire géographie en ligne mettant à disposition des cours et des documents (libre de droits). Le site est le suivant : http://sdhgdocsetcours.blogspot.fr/2012/04/exercice-dossier-rendre-la-france-en.html.

ANNEXE 2 : Dessin de Philippe Tastet (dessinateur de presse)
ANNEXE 2 : Dessin de Philippe Tastet (dessinateur de presse)

Dessin du dessinateur de presse Philippe TASTET "quand les villes grignotent la campagne" publié le 20 octobre 2012 sur son site internet personnel : philippetastet.com

 

Trois millions de personnes vivent et travaillent à la campagne ou dans les zones de montagne. Ailleurs, la ville avance. À grand pas, selon l’étude rendue publique par l’Insee. Les bâtiments fleurissent dans les champs, à mesure que les couples avec enfants s’éloignent des centres pour trouver plus d’espace et devenirs propriétaires, quand ils le peuvent…

ANNEXE 3 : Reportage TV sur une la chaine locale TV Tours sur le phénomène d'étalement urbain en Indre et Loire, publié en ligne le 12 novembre 2011. (Libre service sur  http://youtu.be/hmAY9bSn-1Q)

 

ANNEXE 4 : lien vers article de veille documentaire portant sur la loi Alur concernant l'artificialisation des sols.

http://www.actu-environnement.com/ae/news/loi-alur-artificialistion-sols-espaces-naturels-agricoles-20824.php4

Bibliographie

  • -          DE JARCY, Xavier ; REMY, Vincent – L’urbanisme à la Française – Télérama, publié le 10 février 2010, n° 3135, p26-30.

 

  • -          HADDOUCHE, Hassen – Les périphéries urbaines : exemple de Lyon – Documentation Photographique, publié en 2013, n°8096, p36-37.

 

 

  • -          BAUER, Gérard et ROUX, Jean-Michel – La rurbanisation ou la ville éparpillée -  Editions du Seuil, 1976 – œuvre entière analysée par MENDRAS, Henry (sociologue CNRS, Université Paris X)

 

  • -          TASTET, Philippe – Quand les villes grignotent la campagne (en ligne) – publié le 20 octobre 2012 – philippetastet.com

 

  • -          TV TOURS – L’étalement urbain en Indre et Loire (en ligne) – publié le 12 novembre 2011 – Tvtours.fr ou http://youtu.be/hmAY9bSn-1Q

 

Joshua