L'Evolution des quartiers

          Une ville en mutation, c'est aussi un ensemble de quartiers en constante évolution. Qu'ils soient au centre ou en périphérie d'une ville, ils sont en mouvement permanent : ils sont rénovés, modifiés, détruits, réaménagés. C'est notamment le nombre croissant d'habitants qui influence le changement des quartiers, ceux-ci devant à tout prix s'adapter à une forte demande de logements (Paris étant la ville la plus peuplée avec plus de 2 millions d'habitants.) 

Mais faire évoluer de vastes zones habitables n'est pas chose aisée, de nombreux critères influençant le devenir de chaque quartier. 

 

Alors vers quoi l'évolution des quartiers tend-elle au XXIème siècle ? Et dans quels buts ?

 

Pour y répondre, nous verrons en première partie quels sont les principaux facteurs de modification des quartiers urbains puis en deuxième partie les différents obstacles à leur évolution.

 

 

I. Des facteurs d'évolution bien définis

 

 I.1. Reprendre en main les quartiers défavorisés et insalubres

 

          Avec le temps, la pollution et les dégradations humaines, les bâtiments se détériorent considérablement. Ils deviennent fragiles, voire dangereux pour leurs habitants (effondrements, alimentations en eau et électricité défectueuses, sensibilité aux incendies...) En France, de nombreux quartiers ont été déclarés comme insalubres et leurs habitations font l'objet d'une rénovation urbaine nationale instaurée depuis 2004.

 

Faisant parti de ce mouvement de rénovation urbaine, le Programme National de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés (PNRQAD) a été instauré en mars 2009 par le Gouvernement et concerne 40 quartiers au total dont 1 en Outre-Mer. D'après le document n°3 officiel du PNRQAD tiré du site internet www.developpement-durable.gouv.fr., les quartiers insalubres sont principalement habités par des classes sociales défavorisées (familles monoparentales, habitants étrangers ou sans emploi...). C'est dans ces zones appelées Zones Urbaines Sensibles (ZUS) que le taux de chômage y est le plus élevé et 1 habitant sur 3 y vit en dessous du seuil de pauvreté. D'après le document n°2, article tiré du journal Le Monde "Politique de la ville : pour rénover un quartier, il faut viser une plus grande mixité", la pauvreté est devenue le problème principal à traiter lors de la rénovation d'un quartier. Avoir un logement est le droit de tous et pour cela, le PNRQAD vise à rénover les immeubles et non les détruire afin d'éviter que de nombreuses personnes ne se retrouvent  sans logement.

 

I.2. Une nouvelle approche de rénovation : le traitement social

 

          Dans un quartier, un immeuble ne fait pas tout. Des infrastructures adaptées aux besoins des habitants sont aussi nécessaires au bon fonctionnement d'un quartier. Hors les ZUS concernées par le programme national de rénovation souffrent d'un manque important d'aménagements publics, de commerces, d'espaces santé... Une approche sociale est donc apportée au programme : comme dans le document 4 (vidéo) par exemple, "La rénovation du quartier des Navigateurs", des espaces publics et associatifs tels que des équipements sportifs et culturels, des parcs, des commerces de proximité et des transports collectifs feront également parti des objectifs de réaménagement des quartiers. D'après le document n°1 "La nouvelle vague de rénovation urbaine va se concentrer sur 150 à 200 quartiers" tiré du journal Le Monde, "L'objectif est de viser non seulement plus le bâti, mais de tenir compte de l'individu dans son quartier".

 

Avec cela, un autre objectif de ce programme national est de trouver une certaine "mixité sociale". Les quartiers existants, très codés, séparent les classes sociales les unes des autres ; une telle hétérogénéité provoque une intolérance croissante entre les différentes classes. La mise en place d'une mixité sociale permettra peut-être d'héradiquer cette intolérance sociale.

 

Une autre nouveauté sociale, les habitants ne seront plus seulement spectateurs mais aussi acteurs de ces renovations. En effet, d'après le document n°2 "Politique de la ville : "pour rénover un quartier, il faut viser une plus grande mixité"" tiré du journal Le Monde, les habitants des quartiers concernés seront associés aux processus de concertation des projets de rénovation. De cette façon, ils pourront s'approprier les changements et apporter leurs points de vue sur les programmes mis en place.

 

 II. Rénovation urbaine : l'envers du décor

 

II.1. Des promesses non tenues

 

          D'après la définition du Larousse, la rénovation urbaine est une "procédure d'aménagement d'un quartier ancien impliquant l'acquisition des immeubles situés dans le périmètre visé, leur démolition puis une reconstruction planifiée de l'ensemble." De ce fait, le programme de rénovation national stipule en toutes lettres que les habitants des quartiers visés seraient suivis tout au long du processus par des services sociaux, puis relogés dans les nouveaux bâtiments. Hors cette promesse n'a pas toujours été tenue. L'ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine), chargée de mener à bien ce projet de rénovation, subventionne généreusement les démolitions de bâtiments : la conséquence est que les élus locaux provoquent une démolition massive des quartiers afin de revaloriser le patrimoine des villes.  Les immeubles laissent place à des parcs, des commerces ou des entreprises privées. Les habitants des anciens immeubles sont alors expropriés dans d'autres quartiers, parfois aussi vétustes que le précédent.

Ces expropriations abusives provoquent la colère des habitants. Le programme proposait de prendre en compte leur situation sociale et leurs avis, mais il n'en est rien dans certains cas : des nombreuses familles ont reçu du jour au lendemain une lettre d'expropriation non datée, et ce sans préavis ni aide au relogement.

D'après le document de veille, l'interview de Renaud Epstein dans ces démolitions abusives ont donc prioritairement un objet politique : un élu gagne plus de notoriété en valorisant le patrimoine plutôt qu'en rénovant des quartiers vétustes.

 

II.2. Un ralentissement important du programme

 

A l'origine, le financement de ce programme de rénovation national était de l'ordre de 1,5 milliards d'euros de travaux, dont une grande partie était apportée par l'Etat, l'ANRU et les entreprises privées. Mais depuis ces deux dernières années, le programme se retrouve confronté à un problème financier : les entreprises privées apportent un financement largement inférieur à ce qui était prévu, par manque de moyen. Malheureusement, le coût du projet n'a cessé de croître depuis 2010, et l'Etat a presque complètement cessé de financer l'ANRU : pour compenser, les entreprises privées sont peu à peu amenées à emprunter pour financer le programme (l'emprunt est évalué à près de 3 milliards d'euros).

Suite à ces problèmes de financement, le PNRQAD a prit énormément de retard dans ses travaux : de nombreux quartiers ont vu leur rénovation repoussée de 3 voir 4 ans. Certains chantiers sont laissés tels quels, en attente d'un nouvel investissement financier. 

Le ralentissement des travaux est tel qu'aucune date officielle de fin de chantier n'a été annoncée. La rénovation urbaine s'essouffle, et certains quartiers craignent de ne jamais voir leurs travaux se terminer.

 

 

Conclusion

 

Si l'idée de départ était bonne, il est dur de mener à terme un chantier d'une telle ampleur. Les rénovations voulaient des quartiers plus mixtes et adaptés aux riverains. Mais les enjeux politiques et budgétaires éclipsent parfois ces deux grands objectifs au profit d'autres. De tels actes entraînent souvent la colère des habitants, des manifestations, des sittings... pour dénoncer un manque d'attention à leur égard. L'ANRU en a perdu de sa crédibilité et est aujourd'hui considérée comme une entreprise de profits. 

Au XXIème siècle, malgré de nombreuses promesses, les opinions politiques et les acteurs financiers influencent grandement l'évolution des quartiers, les habitants toujours rangés aux bancs des spectateurs.

 

 

Loriène

 

 

Bibliographie

 

Document n°1 : ZAPPI, Sylvia - La nouvelle vague de rénovation urbaine va se concentrer sur "150 à 200 quartiers" - (en ligne) - http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/02/18/la-nouvelle-vague-de-renovation-urbaine-va-se-concentrer-sur-150-a-200-quartiers_1834245_3224.html

 

Document n°2 : HULLOT-GUIOT, Kim - Politique de la ville : "pour rénover un quartier, il faut viser une plus grande mixité" - (en ligne) - http://www.liberation.fr/politiques/2013/08/02/pour-renover-un-quartier-il-faut-viser-une-plus-grande-mixite_922437

 

Document n°3 : Document Officiel - Présentation du programme national de requalification des quartiers anciens dégradés - (en ligne) - http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/presentation_pnrqad_circulaire_DHUP_2010_02_01_cle1acd13.pdf

 

Document n°4 : EXALTA, la ville d'ORLIS, le groupe VALOPHIS - La rénovation urbaine du quartier des Navigateurs - 4min18 - image à lire - (en ligne) - http://www.dailymotion.com/video/xvnfnz_la-renovation-urbaine-du-quartier-des-navigateurs_news

 

Document de veille : DELAPORTE, L - La rénovation urbaine est loin d'être le succès incontestable qu'on nous vend - (en ligne) - http://quartierspop.over-blog.fr/-la-rénovation-urbaine-est-loin-d-être-le-succès-incontestable-qu-on-nous-vend